Un sujet tabou qu’il est important d’aborder durant cette période délicate. La crise de 1929 avait provoqué une avalanche de suicides dû à l’écroulement financier et économique. Certains avaient tout perdu et ils ne pouvaient trouver une autre issue que la mort pour mettre fin à leurs souffrances.
La crise du coronavirus, avec la vague de faillites qui s’annoncent, présente un risque similaire. L’histoire d’une vie s’écroule. Tous les acquis matériels ou les repères affectifs disparaissent. La personne est seule face à elle-même. Elle se demande comment elle peut encore vivre dans un monde sans avenir pour elle.
Tout être humain traverse, à un moment ou un autre de sa vie, des envies de mort. Par contre, il y a une différence entre « avoir envie de mourir » et « passer à l’acte ».
Se donner la mort ne met pas fin au problème. Pour les lecteurs ayant quelques notions spirituelles, l’excellent livre d’Anne Givaudan « La rupture du contrat – Message des suicidés au monde des vivants » devrait en décourager plus d’un à passer à l’acte.
L’envie de mort est une « crise initiatique » où la personne brûle le masque pour reconnecter à son être véritable. C’est le faux qui est en train de mourir : les croyances sur nous-mêmes, tout ce à quoi nous nous sommes identifiés dans notre vie, le projet parental pour notre vie, le regard des autres, … Anéantir le véhicule physique, c’est manquer la véritable cible et provoquer des dégâts considérables sur son entourage (surtout pour les enfants, même si ceux-ci sont adultes).
Si cette crise initiatique est menée à son terme (et elle le sera si l’on est patient), la personne renaîtra avec un nouveau moi, beaucoup plus vrai, beaucoup plus lumineux, beaucoup plus aimant. Il faut beaucoup de courage pour traverser ce tunnel. Avec courage et foi, la personne découvrira bientôt que le masque est tombé et que c’est ce masque qui justement faisait obstacle à la véritable vie. Lire à ce propos la très belle histoire du chevalier à l’armure rouillée.
Carl Gustav Jung, un disciple de Freud, parlait de « nuit noire de l’âme ». Voici un témoignage à ce sujet. Voici aussi un article très bien fait sur son processus. Eckart Tollé, qui a écrit le best seller « Pouvoir du moment présent » (« power of now » en anglais) était suicidaire. Son expérience initiatique lui a permis de naître à un nouveau « moi » beaucoup plus conforme à qui il était vraiment.
Dans cette période de transition, il est essentiel de demander de l’aide à un thérapeute ou un coach. Ou alors faire partie d’un groupe soutenant (un groupe de parole par exemple). Cette demande d’aide n’est pas un acte de faiblesse mais au contraire un acte de courage où la personne décide de prendre la responsabilité de sa propre transformation.
La crise du coronavirus et son effet domino va provoquer un chaos qui amènera un grand nombre de personnes à l’aube de cette « crise initiatique ». Le choix sera le suivant : est-ce que j’accepte ce chaos pour renaître ou est-ce que je le rejette dans un acte de désespoir sans issue, acte plongeant dans la dépression mes proches qui eux font le choix de rester.
Si vous lisez par hasard cet article et que vous vous sentez concerné, je ne doute pas que l’espoir subsiste et que vous traverserez l’épreuve avec succès.
A l’image de la chrysalide qui devient papillon.