L’avant et l’après Corona Scénarios possibles pour 2021-2025

Anticiper l’avenir pour mieux se préparer

Depuis plus de 20 ans, je lis assidument la presse politique, financière et économique. Mes lectures touchent à la fois les medias classiques (dits « mainstream ») et les médias alternatifs. Je me considère comme un observateur curieux de ce qui se passe au niveau national et international. Je récolte les faits, je mets en lien mes différentes sources d’informations et je me crée ma propre opinion.

Actuellement, cet exercice est difficile. D’abord parce que le monde est devenu incroyablement complexe car interconnecté. Ensuite parce qu’il est difficile d’identifier les faits face à des informations souvent contradictoires. Enfin parce que le climat émotionnel, amplifié par les médias, brouille une vision raisonnée de la situation.

Une chose est en tout cas certaine : la normalité telle que nous l’avons connue est derrière nous. Le monde actuel est face à des changements de très grande ampleur dont nous ne voyons encore que les prémices. Les défis climatiques, économiques, financiers, technologiques, politiques étaient déjà présents début 2020. Néanmoins, rien n’avait véritablement été mis en place pour y répondre. Une inertie qui, selon les avis des experts, nous conduisait droit dans le mur. Le coronavirus est alors arrivé. Ce fut le détonateur pour forcer le basculement indispensable attendu depuis des années par les hommes et les femmes les plus conscients de la situation.

Le coronavirus, c’est ce fameux « cygne noir » de Nassim Nicholas Taleb. Il est devenu cygne noir non pas parce qu’il menaçait la survie de l’humanité (il a causé la mort de moins de 0,0008 % de la population mondiale) mais parce qu’il est apparu à un moment où le système actuel était à l’agonie.

Il est devenu le battement d’aile du papillon qui, depuis Wuhan en Chine, a provoqué un tremblement de terre qui s’est étendu partout sur la planète. Et l’étendue des dégâts et son impact sur notre futur sont encore inconnus. Nous avançons dans l’incertitude la plus complète.

Lorsque le battement d’aile du papillon peut tout changer.

Pourquoi cet article ?

Anticiper c’est prévoir et donc se préparer. Même si cet exercice peut sembler prématuré, essayons de mettre en lumière ce qui peut l’être. Cet article est constitué de trois parties. Tout d’abord, je fais le point sur la situation mondiale avant le coronavirus avec quelques schémas et chiffres à l’appui. Ensuite, j’essaye de dessiner quelques pistes pour le futur. Enfin, je tente de répondre à cette question : comment, individuellement et collectivement, pouvons-nous nous préparer aux changements à venir ?

Le monde avant le coronavirus

Lorsque nous regardons le monde sous différents angles, nous pouvons observer les déséquilibres qui existaient avant 2020.

Au niveau démographique d’abord

Evolution de la population mondiale depuis l’an 1000

A partir du début du 19ème siècle, nous observons une croissance de la démographie inédite dans l’histoire humaine. Nous pouvons l’expliquer entre autre par le démarrage et la montée en puissance de l’industrialisation. Aujourd’hui (2021), la population mondiale est évaluée à plus de 7,7 milliards. Au rythme actuel, elle pourrait atteindre 10 milliards en 2050. Est-ce vraiment soutenable au niveau des ressources disponibles de la planète ? Voir le rapport Meadows à ce sujet …

Nous assistons à un double mouvement : une baisse de la démographie dans les pays riches et une hausse très importante dans les pays pauvres. Cette hausse dans les pays pauvres peut s’expliquer d’une part par l’absence de politique contraceptive et aussi par le fait que les enfants permettent d’assurer la survie de leurs parents. La première cause de l’explosion démographique serait donc la pauvreté.

Rapport d’Oxfam de 2015 : 80 personnes dans le monde sont plus riches que 50% de la population

Ce graphique montre bien l’important déséquilibre existant entre les plus riches et le reste du monde. Il est important de noter que la crise de 2008 et l’afflux sans précédent d’argent utilisé par les pouvoirs publics pour renflouer les banques ont paradoxalement accéléré ce déséquilibre. La crise sanitaire a paradoxalement renforcé cette tendance. Les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. Quant à la classe moyenne, elle se réduit comme une peau de chagrin.

Une facture trouvée sur une table de restaurant à St Tropez, France.

Tout cet argent public n’a pas aidé l’économie réelle mais l’économie virtuelle (Wall Street, CAC 40, Bel20, …). L’économie réelle est composée des petites et moyennes entreprises qui créent de la richesse et emploient des gens ; c’est le citoyen qui travaille, qui paye ses impôts et qui finance l’entretien des routes. La crise du coronavirus a mis en évidence l’importance de l’économie réelle. Pour manger, il faut des cultivateurs, des transporteurs, des chaînes de distribution. Sans nourriture, l’édifice sociétal s’écroule, c’est une question de survie. Wall Street n’est pas un marché de fruits et légumes mais un marché d’actions qui ne se mangent pas.

Au niveau économique

Nous entrons ici au coeur du système capitaliste. Le capital prête les fonds à des entreprises pour fabriquer des produits de consommation. Cette production permet de faire travailler des personnes et de les rémunérer. Avec l’argent reçu de leur travail, les personnes achètent les produits de consommation. Plus la production augmente, plus le capital augmente ses bénéfices et mieux l’emploi se porte. Nous sommes dans une dynamique de mouvement et donc de croissance, ce qui a permis de faire sortir de la pauvreté une partie importante de la population mondiale.

Pour garantir cette croissance, il a fallu mettre en place différents mécanismes.

Tout d’abord l’obsolescence programmée : il s’agit de « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement » (wikipedia).

Imaginons que j’achète des sandales. Celles-ci sont si solides, si bien faites qu’elles durent au moins dix ans. Cela signifie que je n’ai nul besoin d’acheter de nouvelles sandales avant dix ans. Conséquences : la production de sandales stagne, les besoins en main d’oeuvre n’évoluent pas, le capital n’engrange plus de bénéfices. L’entreprise va donc fabriquer des sandales qui s’usent plus vite. Ce qui est vrai pour les sandales est vrai pour les vêtements, les machines, les voitures, … Je me rappelle de mon père qui vantait les chemises très solides fabriquées dans les années 50 (et qui ont disparu). Les voitures mercedes bien entretenues pouvaient rouler jusqu’à 1 million de kms.

Voici l’exemple d’une lampe plus que centenaire.

Cette ampoule brille depuis l’époque de Thomas Edison lui-même, dans une caserne de pompiers en Californie depuis 1901. Depuis son installation, elle n’a été éteinte que pendant une semaine en tout. Une caméra retransmet en direct sur Internet les images de cette ampoule, pour prouver qu’elle est toujours allumée, même si personne ne sait comment son filament continue de briller.

Il y a plusieurs années, des actions en justice ont été lancées pour dénoncer cette obsolescence programmée par les fabricants d’imprimantes. Et pourtant, rien ne change véritablement. Pourquoi ? Parce que des priorités comme l’emploi et la « croissance » sont mises en avant.

Un autre moyen d’assurer la production est la création de nouveaux besoins. Il s’agit de persuader les gens qu’ils seront plus heureux s’ils consomment tel produit. La publicité, les films, les medias en général agissent donc sur la psychologie humaine, souvent de manière très subtile. Des vedettes de télévision, du sport, de la chanson, … (les influenceurs) sont payées grassement pour promouvoir tel ou tel produit. Les mécanismes de persuasion sont basés sur des études très avancées de la psychologie humaine. Par exemple, connecter avec le besoin d’appartenance. Les adolescents sont très influencés par ce besoin. Posséder le dernier iphone comme les copains devient un signe d’appartenance au groupe. Noam CHOMSKY a bien mis en évidence les techniques psychologiques très poussées utilisées par les grands medias de plus en plus financés et donc manoeuvrés par le monde économique et financier.

Et maintenant ?

Le capitalisme arrive maintenant au bout de sa logique. Conçu pour accroître la qualité de vie, il menace maintenant la vie elle-même. Il épuise à la fois les ressources naturelles de la planète (il prend plus que ce qu’il donne) et il crée un sur-stress dans la population (burn-out, dépression, cancers, …) : produire toujours plus en réduisant les coûts. Il est devenu le véritable virus qui pousse l’humanité à sa propre disparition.

Voyons les chiffres :

A partir des années 70, l’empreinte écologique de l’homme surpasse les capacités de la terre. En clair, l’homme prend plus que ce que la terre est capable de donner. D’où un déséquilibre qui va en s’accélérant.

Dans un article paru dans le Nouvel Economiste, Jeremy Rifkin soulignait que l’espèce humaine était une des espèces les plus récentes sur la planète. Les habitants présents sur terre ne représentent que 0,5% de la biomasse, mais ils consomment 31% de la production nette de photosynthèse, ce qui signifie que nous favorisons la disparition d’autres espèces. Ce n’est pas soutenable, d’autant plus que nous sommes nous aussi menacés.

D’où le réveil de jeunes, comme Greta Thunberg, qui tirent la sonnette d’alarme. Beaucoup de jeunes ont aussi abandonné l’idée d’avoir des enfants. La jeune génération prend conscience qu’elle va hériter de cette planète et de son passif.

Comment en est-on arrivé là ?

Conçu comme un moteur d’évolution, le capitalisme est devenu l’otage d’une élite mue par des intérêts égoïstes. « Le capitalisme crève car il ne partage pas » disait l’Abbé Pierre. On observe un décalage croissant entre une économie virtuelle déconnectée de la vie réelle (marché des actions, hedge funds, …) et une économie réelle qui fonctionne avec les petites mains (cultiver, entretenir les routes, ….). L’écart entre riches et pauvres n’a cessé de s’accroître, surtout après la crise financière de 2008.

Il n’est pas question ici de pointer les coupables et les victimes mais de reconnaître notre responsabilité collective dans ce processus. La solution n’appartient pas à quelques-uns. Elle ne peut être que collective ou ne sera pas. Peut-être le basculement interviendra-t-il lorsqu’un pourcentage suffisant de la population changera ses priorités de vie (théorie du 100ème singe). Le basculement pourrait aussi intervenir juste par ce que nous avons atteint une limite. Au-delà de cette limite, continuer sans rien changer s’apparentrait à un véritable suicide collectif.

Au niveau financier

Avant la crise, les banques centrales ont injecté des milliers de milliards pour maintenir le système à flot. Il faut être aveugle pour voir que le malade, en état de mort imminente, ne vit encore que sous perfusion financière. Des experts indépendants comme Charles Gave (Institut des libertés) ou Charles Sannat (Insolentiae) partagent régulièrement des vidéos et des articles sur la situation. L’afflux massif d’argent gratuit pour maintenir un système agonisant aboutira certainement à une crise financière majeure dans les années à venir.

Voici une vidéo de Charles Gave.

Le cycle naissance, vie, mort, renaissance

La nature suit un cycle toujours identique à l’image des saisons : la nature naît au printemps, elle vit pleinement durant l’été, elle meurt (hiberne) en hiver et puis le printemps revient. Le corps humain suit un cycle similaire. Idem pour l’histoire. Naissance de Rome, montée en puissance jusqu’à constituer un empire, décadence, écroulement puis reconstruction d’un autre monde sur ses ruines.

Ce qui diffère actuellement par rapport à l' »avant », c’est la rapidité du cycle. Les changements anciens se dessinaient sur plusieurs générations. Aujourd’hui, un changement majeur similaire à la première révolution industrielle pourrait se dérouler sur la durée d’une vie humaine. Nous sommes dans une période de l’histoire humaine où la circulation des informations et des échanges s’est accéléré de manière exponentielle avec les nouvelles technologies. Nous vivons une accélération du temps qu’il nous faut gérer et c’est sans doute le point le plus délicat. Même les ordinateurs arrivent à une étape de passage entre le Bit et le Qbit (ordinateur quantique).

Essayons d’esquisser quelques scénarios possible sur le moyen terme (2020-2025) et faisons le pari, que, après le chaos, l’humanité transitera vers un monde 2.0 plus paisible, plus égalitaire, plus harmonieux.

Le monde après le coronavirus

Nous connaissons le monde que nous quittons mais nous ignorons où nous allons. Un peu à l’image de Christophe Colomb qui partit en exploration sans savoir vraiment ce qu’il allait découvrir (le « nouveau monde »). Pour anticiper le futur, aucun modèle n’existe pour nous inspirer. Aucune théorie existante ne nous permet de dire avec précision où nous serons dans 10 ans. Nous faisons face à l’incertitude et donc à une multitude de choix.

Si l’humanité est effectivement à un carrefour « quantique », nous faisons maintenant face à un ensemble de possibles (potentialités). Nous approchons d’un « point zéro » (peut-être le point chaos maximal) où des choix importants devront être faits. Ces choix créeront une nouvelle réalité « alpha » où la loi de cause à effet s’enclenchera. Ces choix ne viendront pas de l’extérieur (bye bye les sauveurs extraterrestres) mais de la population humaine elle-même.

A quel niveau mettons-nous les choix à faire ? Le niveau le plus haut se situe certainement au niveau des valeurs. Si les choix sont basés sur l’égoïsme, la division et le déni des réalités, ils créeront des effets d’égoïsme, de division et de déni. Si ces choix sont basés sur des valeurs d’altruisme, de solidarité, de responsabilité, la probabilité d’un monde paisible et harmonieux augmentera significativement. Il se peut aussi que l’humanité se divise entre deux potentialités différentes. Chacun devra alors se positionner par rapport à l’une ou l’autre potentialité. A ce sujet, il est intéressant de constater à quel point la crise du coronavirus a polarisé la population en deux camps : masque / anti-masque, vaccinés / non vaccinés, 5 G / anti-5G, …

Le refus du changement

Dans ce mouvement du monde vers l’avant, il existe un obstacle formidable : le refus du changement. Certains trouvaient leurs intérêts dans le monde d’avant 2020. Leurs efforts se porteront sur un retour à la « normalité » (le monde qu’ils connaissaient). D’autres souhaiteront aussi le « retour au monde d’avant » par crainte de l’inconnu. L’humain préfère souvent une souffrance connue qu’un bonheur inconnu. L’incertain est source de stress et d’inquiétude. Néanmoins, il faudra accepter qu’un retour en arrière n’est pas possible. Refuser cette évidence deviendra une source de souffrance.

Tout changement se heurte aussi à des croyances bien établies. On l’a vu avec Galilée qui fut condamné parce qu’il avait osé dire que la terre tournait autour du soleil et pas l’inverse. Les « Galilées » sont légions dans l’histoire humaine, y compris à l’heure actuelle (on les traite trop facilement de « complotistes »). Dans ce nouveau chapitre de l’humanité, certains vont se baser sur de vieilles théories, de vieux dogmes, de vieilles recettes pour proposer des solutions. Or les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Le procès de Galilée

Le changement de l’économie mondiale est aussi freiné par des obstacles juridiques puissants : la propriété intellectuelle. Les grandes firmes achètent ou déposent des brevets et ne les utilisent pas, le plus souvent pour conserver un monopole. La connaissance ne circule pas et cela bloque l’émergence de nouvelles solutions écologiques, énergétiques ou sanitaires. Imaginons qu’un ingénieur invente une voiture à eau. Une telle invention serait une menace pour les producteurs de pétrole et toute la chaine industrielle qui en dépend. Les lobbies pétroliers rachèteront ces inventions à prix d’or ou trouveront des moyens alternatifs pour faire barrage.

Le changement forcé

Si nous avions une marge de choix face au changement ou au non changement, il semble que la crise du coronavirus n’en laisse maintenant plus aucune. Comme l’a déclaré l’ancien premier ministre français Edouard Philippe au début du confinement :

La crise va provoquer un effet domino auquel il faut se préparer. Les changements ne vont plus porter sur la façade de la maison, ils vont porter sur sa structure même.

La solution aux problèmes de l’humanité ne peut plus être de reboucher les trous de la voirie (solution conjoncturelle) comme nous l’avons fait depuis une décennie. Il s’agit de changer complètement la voirie (solution structurelle). Et il semble que nous en prenions le chemin, non par choix mais par obligation.

Evolution de l’emploi dans les années à venir

L’emploi est certainement le domaine qui va être le plus impacté par les changements structurels majeurs qui s’annoncent.

Licenciements massifs suite à des faillites en série : avant la crise sanitaire, de nombreuses entreprises ne survivaient déjà que sous perfusion financière. Ces entreprises seront les premières à fermer. Voici un article de boursorama du 20 août 2020 qui donne un aperçu de la situation actuelle. Voir aussi la prévision du bureau MacKinsey qui prévoit que 50% des PME vont faire faillite).

De très grosses entreprises comme AIRBUS vont devoir réduire leurs activités, ce qui aura un impact direct sur un très grand nombre de petites sociétés fournisseurs (effets collatéraux). Voir cet article sur la situation gravissime des compagnies aériennes.

L’écroulement du tourisme va mettre à genou une grosse partie de la population de pays pauvre qui vivait des devises étrangères ainsi que tout un pan de l’industrie hotelière. D’où des flux de migrations économiques de plus en plus intenses, comme on l’a vu sur les côtes italiennes ou grecques et maintenant sur les côtes canariennes.

Pensons aussi à tous ces emplois de l' »économie grise », ces emplois souvent peu rémunérés et non déclarés. Les sommes immenses distribuées par les états depuis mars 2020 pour soutenir les secteurs en crise ne bénéficient pas « aux petits bras » qui avaient un travail au noir pour payer leurs études ou subvenir aux besoins de leur famille.

Ecroulement de l’emploi dans les secteurs qui peuvent être robotisés : ce phénomène était déjà perceptible, par exemple les caissières des grands magasins qui sont progressivement remplacées par des machines. Bientôt, les caissières ne seront même plus nécessaires, à l’image de ce magasin :

La crise va certainement être l’occasion pour un grand nombre d’entreprises de service de digitaliser tout ce qui peut l’être. Avec l’extension du télétravail, Celles-ci recruteront de la main d’oeuvre qualifiée dans les pays à faibles revenus, sans que cette main d’oeuvre ait besoin d’immigrer. Les informaticiens des pays occidentaux, jusqu’à présent préservés par la crise, seront progressivement mis en concurrence avec des informaticiens à salaire moins élevé.

La révolution robotique va s’accélérer en touchant des secteurs jusqu’ici épargnés :

D’autres métiers seront touchés par le tsunami technologique :

  1. Le métier de médecin va changer assez rapidement. Le médecin deviendra de plus en plus un médiateur entre la machine et l’humain, la machine posant des diagnostics avec une marge d’erreur beaucoup plus faible.
  2. Les traducteurs seront au chômage d’ici moins de dix ans. Il suffit déjà de constater l’efficacité du traducteur en ligne gratuit deepl ou de la nouvelle application chatGPT.
  3. Les décisions importantes en entreprise seront prises davantage par des machines que par des décideurs humains.
  4. Révolution dans le secteur du transport avec la généralisation de la conduite autonome. Et progressivement, la voiture, le bus, le camion, le train, l’avion, … sans conducteurs.

Dans son livre, « la fin du travail« , Jeremy Rifkin avait déjà anticipé l’impact de la révolution technologique sur les emplois. Le revenu universel, déjà testé dans des pays comme la Finlande, devrait un jour remplacer ce qu’on appelait « le chômage à durée indéterminée ». Avec à la clé, la disparition progressive du cash.

Accélération du télétravail : ce phénomène existait déjà mais va aller en s’amplifiant. On parle maintenant de travail « hybride » mêlant présentiel et virtuel. Ceci aura un impact majeur sur la gestion de l’espace et du temps dans les organisations mais aussi sur le recrutement (le choix sera plus vaste). La relation vie privée / vie professionnelle devra être redéfinie. La vie familiale devra se réorganiser autour d’une nouvelle réalité.

Effets collatéraux de l’amplification du télétravail : fermeture de restaurants à proximité des lieux de travail habituels, déménagement de télétravailleurs hors des villes, utilisation moindre de la voiture et de l’avion, amplification du phénomène « digital nomads« .

Quels sont les nouveaux emplois qui vont être créés ?

Nous ne pouvons encore identifier clairement les emplois qui émergeront dans un futur proche et c’est bien le problème … Ce dont on peut être sûr c’est qu’ils seront reliés aux nouvelles technologies, s’intégrant dans une nouvelle forme de relation « humain-machine ».

Les écoles continuent à former les élèves à des compétences qui deviendront obsolètes d’ici 10 ans … Ceci est reconnu par la plupart des grandes écoles. D’où la nécessité de former à des compétences qui dureront dans le temps (soft skills).

Il est fort probable que de très nombreux emplois seront créés pour décarboner l’économie. La transition du pétrole vers des énergies plus écologiques sera certainement le moteur numéro 1 de l’emploi dans l’ère à venir. Voici un exemple en Belgique. En Allemagne, nous assistons dès à présent à la mise en place de nouveaux trains fonctionnant à l’hydrogène.

L’emploi salarié passera certainement en second plan par rapport à l’emploi indépendant (auto-entrepreneur). La tension entre les deux modèles est actuellement visible (bataille juridique acharnée dans plusieurs pays concernant le statut des chauffeurs Uber). Le statut juridique du professionnel devra en tout cas évoluer pour correspondre au nouveau modèle de société basé sur la connaissance (voir infra). Il se peut qu’un nouveau statut professionnel se dessine, hybride entre l’emploi salarié et l’emploi indépendant, incluant peut-être un revenu universel de base.

Trop de travail ou pas assez …

Actuellement, on assiste à une polarisation dans la société : certains ont trop de travail (allant jusqu’au burnout) et d’autres pas assez ou pas du tout (chômage de longue durée avec sentiment d’inutilité) …

Examinons les deux volets de cette polarisation.

Le trop de travail est lié à la diminution des effectifs pour des raisons budgétaires mais aussi par l’accélération de la digitalisation. Nous sommes dans une période d’ajustement dans la relation entre l’homme et la machine. C’est pourquoi la place des technologies dans le monde du travail devra être clairement redéfinie. Idéalement, la technologie devrait avoir pour fonction de libérer l’homme des tâches ingrates et difficiles. Cela lui donnerait ainsi plus de temps pour créer, se détendre, prendre soin de ses proches, … Or, on constate qu’il y a de plus en plus de stress dans le monde du travail … La technologie, au contraire de l’humain, n’a pas besoin de vacances et ne tombe pas malade … Un déséquilibre qu’il faudra gérer rapidement dans les organisations. A défaut, le prix à payer en terme de maladies physiques et psychiques sera considérable.

Le chômage d’aujourd’hui est lié essentiellement à la digitalisation accélérée et à la disparition de métiers qui généraient beaucoup d’emploi (remplacement par des machines). La gestion du temps libre deviendra un point de plus en plus important dans le futur. Jeremy Rifkin avait mis en garde sur les aspects psychologiques de ce changement dans nos vies : « Le remplacement généralisé du labeur humain par celui des machines laisse la masse des travailleurs privée d’identité, sans plus aucune fonction sociétale. » ( p. 313 de son livre « la fin du travail« ). Quand Adam et Eve ont dû quitter le paradis terrestre, Dieu a dit à Adam : « tu travailleras à la sueur de ton front ». Ce message est profondément ancré dans la psyché humaine. Sans leur travail, beaucoup ne trouvent plus de sens à leur vie tant ils y sont identifiés. Voyez aussi cet article d’un anthropologue américain parlant de l’inutilité de la plus grande partie de notre travail.

Le travail ne disparaitra mais il occupera une place fondamentalement différente dans nos vies. Le « travail » tel qu’il est vu aujourd’hui pourrait devenir progressivement un temps au service du collectif. Nous pourrions idéalement arriver à un stade où les bénéfices de la technologie seront répartis équitablement au sein de la société humaine et où chacun oeuvrera selon ses désirs et aspirations. L’homme, par nature, n’est jamais inactif. Dans une liberté respectueuse de son environnement, il pourra vraiment déployer sa créativité. Le revenu universel pourrait aider en ce sens en sécurisant les besoins vitaux (nourriture et toit).

La question se pose aussi sur l’avenir des « laisser pour compte » des nouvelles technologies soit pour des raisons financières soit par manque de formation.

Une nouvelle société fondée sur la connaissance

Jeremy Rifkin parle de troisème révolution industrielle. La société transite vers un monde de la connaissance. La technologie assurera la production des marchandises et des services et l’humain pourra se concentrer sur la connaissance. A l’heure actuelle, c’est sur internet que se construit cette société de la connaissance. L’accumulation des informations et sa vitesse de circulation est exponentielle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une véritable guerre invisible se joue actuellement pour le contrôle d’internet.

Les effets collatéraux d’un monde basé sur l’information

La protection des données personnelles est une question d’actualité. Elle le sera encore davantage à l’avenir. La protection des droits de l’homme sera mise en avant comme barrage aux abus possibles du contrôle des données personnelles. Qui utilise(ra) ces données et à quelle(s) fin(s) ?

Dans les réseaux sociaux, beaucoup redoutent une restriction de nos libertés sur le long terme au nom de la protection sanitaire de la population. Après les attentats du 11 septembre 2001, des lois d’exception ont été adoptées en lien avec la lutte contre le terrorisme. Ces lois sont toujours d’actualité, 15 ans plus tard. L’état d’exception est devenu la normalité, avec tout ce que cela implique sur le contrôle de nos données personnelles. Comme l’a dit Yuval Noah Harari dans un interview au Financial Times le 20 mars 2020 :

« De nombreuses mesures d’urgence à court terme vont devenir un incontournable. Telle est la nature des urgences. Elles accélèrent les processus historiques. Des décisions qui, en temps normal, pourraient prendre des années de délibération, sont prises en quelques heures. Des technologies immatures et même dangereuses sont mises en service sous pression, car les risques de ne rien faire sont plus grands. Des pays entiers servent de cobayes dans des expériences sociales à grande échelle. (…) En temps normal, les gouvernements, les entreprises et les conseils d’administration des établissements d’enseignement n’accepteraient jamais de mener de telles expériences. (…) Les mesures prises dans l’urgence ont la mauvaise habitude de rester en place même après l’urgence, d’autant qu’il y a toujours de nouvelles menaces«  (traduit avec DeepL).

La question de la discrimination des informations est un enjeu majeur pour cette nouvelle société d’information en émergence. Quelle information est vraie ? quelle information est fausse ? A qui se fier ? Voir à ce sujet la saga Fact & Furious. Lorsque l’on connait l’importance de l’information pour guider les choix de la population dans une société démocratique, la question de la véracité des faits est fondamentale.

Examinons d’autres scénarios possibles pour le futur

La démondialisation engagée par le Président américain Donal Trump avant la crise va aller en s’accélérant. La crise financière et économique va certainement entrainer un « repli sur soi » des états. On a déjà perçu clairement ce phénomène du repli sur soi en mars 2020 lorsque les états européens ont fermé unilatéralement leurs frontières sans concertation avec leurs voisins.

La crise sanitaire a provoqué une prise de conscience sur la dépendance occidentale aux produits asiatiques, surtout chinois (fiasco occidental des masques). Cela impliquera certainement le rapatriement de nombreuses firmes stratégiques en occident. Malheureusement, l’impact positif en terme d’emploi sera limité avec la robotisation.

Le frein brutal du tourisme va plonger dans la pauvreté de nombreux pays dépendants de ce secteur. Pensons à ces millions de personnes qui vivaient de petits services rendus aux touristes (taxis, tchouk-tchouks, ….).

La rupture des chaînes d’approvisionnement va geler une partie très importante de l’économie mondiale. Une reprise rapide des activités prendra sans doute des années. En attendant, nous assisteront à une envolée du prix des matières premières, des retards importants dans la livraison des pièces pour la construction des voitures, des machines, des ordinateurs, … L’effet domino touchera tous les secteurs industriels dans ce monde hyperconnecté.

Les structures étatiques, trop lourdes, trop complexes, montrent leur incapacité à gérer la crise sanitaire. En clair, ces structures dont les bases remontent souvent à plusieurs siècles (même si elles ont un peu évolué) seront de plus en plus inaptes à répondre aux défis actuels qui nécessitent rapidité et flexibilité. L’avenir appartient au local comme le dit très bien cet article.

Le climat de peur, entretenu par un grand nombre de medias, provoque un réflexe sécuritaire qui peut se répercuter à deux niveaux au moins : la santé et l’armement. Les complexes pharmaceutiques et militaro-industriels peuvent profiter du climat anxiogène pour influencer les états et engranger des sommes colossales d’argent. Un risque réel existe que ces très grandes sociétés, guidées par le gain et un agenda personnel, prennent en otage des états affaiblis. La population est aussi à risque sous l’impact des techniques très avancées d’ingénierie sociale.

Les restrictions des libertés individuelles qui se prolongeraient dans le temps, au nom de la crise sanitaire minent les fondations de la démocratie et pourraient mener à des dérives dictatoriales au nom de la « protection des populations ». Ces restrictions pourraient pousser de plus en plus la population à la désobéissance civile.

Risquons-nous à des pronostics dans d’autres domaines :

  1. Un nombre très important de faillites poussent les états encore plus loin dans l’endettement (aide aux entreprises et baisse des recettes fiscales). La génération future sera-t-elle liée à vie au remboursement de cette dette ? Certains parlent d’un grand « reset« , sans savoir exactement ce qu’il impliquera …
  2. Si un grand nombre d’entreprises disparaissent, cela veut dire que, lorsque la demande reprendra, l’offre sera très diminuée, d’où une augmentation des prix très importante (déflation suivie d’une hyperinflation).
  3. Les sociétés qui ont investi dans l’intelligence artificielle vont connaître un développement considérable. Avis aux investisseurs.
  4. Suite au Brexit, Londres voudra devenir un nouveau paradis fiscal, ce qui pourrait siphonner les capitaux européens. La réaction du continent risque d’être violente.
  5. Explosion du cours de l’or vu l’instabilité des monnaies et l’incertitude économique. Si l’or monte trop haut, il se peut que des états suspendent la convertibilité de l’or dans leur monnaie.
  6. Exposition du prix des matières premières dont l’extraction a été fortement ralentie durant la crise sanitaire.
  7. Le pic pétrole est dépassé, décision de quitter l’énergie carbonée; l’émergence d’énergies alternatives se prépare en coulisse.
  8. Emergence de nouveaux traitements dans le secteur médical notamment pour le cancer et d’autres maladies incurables jusqu’à présent. Développement des robots chirurgiens.
  9. Profonde modification du monde de l’enseignement qui se montre de plus en plus inadapté à répondre aux besoins de la nouveau monde en émergences. Il se peut que des collectifs de parents enseignants se mettent en place dans la transition.
  10. Création de communautés locales comme elles existent déjà de manière virtuelle sur les réseaux sociaux. Des personnes avec des intérêts et valeurs communes se regroupent pour développer de nouvelles manières de vivre, en marge des grandes villes et de leur fonctionnement marchand.
  11. L’état n’aura plus les moyens financiers (et sans doute les compétences) pour gérer les problèmes locaux. Des collectifs citoyens devront se mettre en place pour compenser l’inactivité des états. Pour ceux qui feront ce choix, cela pourrait donner un nouveau sens à leur vie dans une société en chômage massif.
  12. De nouveaux besoins apparaissent. Ceux qui pourront faire preuve de flexibilité et d’adaptation (par exemple dans l’apprentissage des nouvelles compétences de la nouvelle société) pourront en tirer de larges bénéfices. Ceux qui s’accrocheront au passé resteront à quai …
  13. L’union européenne en tant que telle n’est plus viable économiquement (trop de déséquilibres entre les économies du nord et du sud). Certains pays quitteront l’union européenne. Une nouvelle configuration avec de nouveaux objectifs plus ambitieux se mettra en place (certainement sous la direction de l’Allemagne).
  14. Les changements climatiques devraient aller en s’amplifiant. Il sera certainement démontré un jour que ces changements ne sont pas dûs principalement aux actions humaines mais à des phénomènes terrestres cycliques de grande ampleur. Il en résultera une immigration climatique qui dépassera de très loin l’immigration économique actuelle. Cela aboutira à un grand mélange des populations.
  15. L’axe Russie-Chine attend son heure pour proposer (imposer) une alternative au dollar dans les échanges internationaux. Cela pourrait aboutir à une refonte majeure du système financier mondial.
  16. Dans la transition, le retour au local (à la décision locale) s’avèrera essentielle pour assurer les besoins vitaux de la population. L’état, l’identité nationale telle qu’on l’entend actuellement, disparaîtra au profit d’une nouvelle configuration basée sur des communautés d’intérêts.
  17. Développement de l’économie circulaire avec 0 déchet.

Le transhumanisme est aussi une question délicate sur laquelle chacun devra se positionner dans l’avenir (voir à ce sujet la conférence donnée par Philippe Bobola). Il s’agit d’un courant de pensée selon lequel les capacités physiques et intellectuelles de l’être humain pourraient être accrues grâce au progrès scientifique et technique (cf. Être humain augmenté). Le film de 1997 « bienvenue à Gattaca » illustre bien le sujet. L’introduction d’un passeport vaccinal lié à la Covid-19 pourrait ouvrir une boîte de pandore à ce niveau, ce passeport devenant progressivement un support d’identification des données biologiques du porteur.

L’émergence du nouveau (la révolution d’en bas)

En dépi d’un avenir qui pourrait paraître sombre, des initiatives novatrices existent pour révolutionner la société dans un sens plus égalitaire et juste. Elles n’ont pas vraiment été mises en lumière par les médias. Celles-ci devraient progressivement devenir plus visibles vu le besoin de trouver de nouveaux modèles. Voir à ce sujet le film « Demain« .

Un exemple récent d’initiative citoyenne en Allemagne : une commission d’enquête citoyenne sur la crise sanitaire a été mise en place pour pallier l’immobilisme de l’état. Ce phénomène devrait s’amplifier. De nombreux professionnels ont pris acte de l’inefficacité étatique et commencent à prendre la main.

Individuellement, comment se préparer à la période qui vient ?

Garder l’équilibre dans la tempête

La crise du coronavirus a été comme un tsunami qui a submergé l’humanité entière. Toutefois, la vague ne s’est pas encore totalement retirée et nous ne pouvons encore évaluer l’étendue des dégâts. L’effet domino sur l’économie, l’emploi, les finances, la psychologie humaine n’est pas encore visible. Nous ne sommes qu’à l’aube de très grands bouleversements qui nous affecteront tous dans notre réalité individuelle et collective. Il s’agira dès lors de gérer adéquatement ses émotions, de trouver des espaces de paix et de ressourcement dans son quotidien, de demander de l’aide si besoin. (voir le power point de ma conférence « Rester calme dans un monde en changement« ).

J’observe beaucoup d’émotions autour de moi, surtout la tristesse ou la colère. Indépendamment des facteurs individuels, quel sens donner à ces émotions qui touchent une bonne partie du collectif humain ? La courbe du changement de Kubler Ross permet de mieux comprendre ce phénomène. Lorsque l’on quitte un territoire connu pour aller vers un territoire inconnu, il y a un sentiment de perte, même si ce territoire connu n’était pas satisfaisant. Il y a un deuil à faire. Or, c’est en laissant partir l’ancien, en accueillant l’émotion qui l’accompagne, que l’on peut vraiment aller vers le nouveau. La mort (réel ou symbolique) étant encore un tabou dans notre société moderne, ce cycle est encore mal compris.

Source

Depuis janvier 2021, les campagnes de vaccination ont commencé. La presse commence à parler de la sortie du confinement et du stress post traumatique qui pourrait suivre. Ce sujet méritera une vigilance particulière, surtout vis-vis des jeunes et des personnes fragilisées par le confinement. Lire cet excellent article de Boris Cyrulnick.

Donner un nouveau sens à sa vie

Les repères extérieurs habituels disparaissant, beaucoup de personnes vont se retrouver perdues. Pierre Rabhi parle de « crise initiatique » à un niveau individuel et collectif. Ceux qui feront le choix du changement tourneront leur regard à l’intérieur pour trouver des réponses qui ne seront plus accessibles à l’extérieur (« si tu ne peux aller à l’extérieur, va à l’intérieur »). On assistera probablement à l’émergence d’une nouvelle spiritualité plus respectueuse de la nature et des humains. Cette quête du renouveau est déjà perceptible parmi la jeune génération.

Le concept de résilience n’a sans doute jamais été autant d’actualité qu’à l’heure actuelle.

Certaines lectures peuvent nourrir cette quête, comme par exemple « Le pouvoir du moment présent » d’Eckart Tollé (traduits en plusieurs langues). Je publierai un article reprenant quelques ouvrages utiles pour les personnes en recherche.

Veillez sur sa santé, surtout émotionnelle

La peur est certainement l’émotion la plus répandue à l’heure actuelle. Les médias nous bombardent avec des informations anxiogènes en continu et attisent ce type d’émotion.

La peur existe initialement pour nous protéger d’un danger concret et immédiat. Par contre, lorsque la peur se déconnecte de la réalité, des faits, elle se mentalisme. Elle nous fait imaginer le pire. Elle nous pousse à amplifier le danger et à adopter des comportements qui ne sont pas proportionnels aux risques réels. Voir à ce sujet la vidéo d’Isabelle Padovani.

En ce qui concerne la santé physique, des sites alternatifs mettent en évidence l’importance de notre système immunitaire pour faire face aux maladies. Le système immunitaire humain s’est développé durant des temps immémoriaux pour résister à de nombreux virus, bactéries et microbes divers. Mettre en avant uniquement un remède extérieur comme protection en faisant abstraction de l’oeuvre de la nature durant des centaines de milliers d’années laisse dubitatif. Il y a une arrogance à dénoncer. Le renforcement du système immunitaire se fait par une bonne alimentation, une bonne hygiène de vie, un sommeil réparateur, … Pasteur, pionnier de la microbiologie et inventeur de plusieurs vaccins, n’a-t-il pas dit à la fin de sa vie « le microbe n’est rien. Le terrain est tout » ?

Développer son autonomie

L’époque actuelle sonne sans aucun le glas d’une société patriarcale où « Papa » (l’état) avait l’habitude de tout prendre en charge (moyennant des contreparties parfois élevées). Nous sommes arrivés à un point où « Papa » n’a plus ni les moyens financiers ni les compétences pour guider les populations vers un changement de paradigme. Les mois ou les années qui viennent confirmeront sans aucun doute cette réalité.

Il s’agit donc de développer une nouvelle autonomie où chacun se prend véritablement en charge dans la mesure de ses capacités. Devenir autonome c’est éviter l’endettement, c’est prendre l’initiative de développer de nouvelles compétences, c’est suivre une bonne hygiène de vie pour éviter de tomber malade, c’est cultiver son propre jardin quand c’est possible, c’est apprendre à discriminer les informations reçues en faisant ses propres recherches, … L’humain est appelé à devenir de plus en plus acteur conscient et responsable.

Un article du journal L’Echo du 24 décembre citait un professionnel : “Engager des gens autonomes qui savent travailler et prendre des décisions par eux-mêmes. Sinon, on est obligé de mettre du management partout.”

La mentalité du « salarié » qui applique sagement les directions venues d’en haut devra donc changer pour s’adapter à un nouveau management de nature horizontale et non plus verticales.

Quant au statut d’indépendant, il devrait prendre de l’ampleur, comme le montre déjà les chiffres en Belgique depuis plusieurs années.

Oser être plus créatif

La créativité peut s’exercer de plusieurs manières suivant la personnalité et les domaines d’excellence de chacun. Que puis-je créer qui rende ce monde plus beau et plus agréable à vivre ? Que puis-je créer qui me donne du plaisir et de la joie ? Si un nouveau monde est à construire, il aura besoin d’hommes et de femmes capables de sortir des sentiers battus pour développer de nouvelles idées (thinking outside the box). Dans son ouvrage « L’homme aux deux cerveaux« , Daniel Pink avait mis en évidence que les professionnels qui réussiront à l’avenir seront ceux qui pourront à la fois manier leur cerveau gauche (rationnel) et leur cerveau droit (intuitif/créatif).

Développer la flexibilité face aux changements

Dans un monde en pleine mutation, la compétence d’adaptation face aux changements devient essentielle. Etre capable de suivre le fil de la rivière, même si celle-ci change de manière imprévue. Lâcher ce qui ne convient plus et oser entrer dans le nouveau avec courage et confiance.

Se réinventer en permanence

Voici l’extrait d’un article du journal l’Echo du 26 août 2020 : « Comme l’écrit Yuval Noah Harari dans « 21 leçons pour le XXIe siècle », une grande partie de ce que les enfants apprennent aujourd’hui à l’école ne leur sera plus d’aucune utilité sur le marché du travail en 2050. Il est donc nécessaire, afin de conserver toute sa pertinence sur le plan économique, mais surtout social, de continuer à apprendre tout au long de sa vie et de se réinventer en permanence. Il sera plus important de se connaître soi-même et de pouvoir bâtir des relations saines et durables que d’apprendre par exemple à dessiner un relief ou à énumérer les moments clés de l’Empire mésopotamien. 

Diversifier ses sources d’information pour se faire une opinion

Grâce à internet, jamais sur terre il n’y a eu une telle diversité d’informations. Pour se faire sa propre opinion sur les sujets importants, il est essentiel de passer un minimum de temps à s’informer auprès de sources diverses. Une grande partie de la population se forge son opinion auprès d’un ou deux grands medias publics. Cela aboutit à une information partielle qui diminue la capacité de discrimination.

Un enseignement à révolutionner

Les écoles devront s’adapter rapidement à une nouvelle réalité en développant non plus une seule intelligence (avec comme point de référence le « QI« ) mais plusieurs intelligences (intelligences de Gardner). On assiste d’ailleurs à de nombreux décrochages scolaires, non pas parce que les enfants et adolescents ne sont pas intelligents mais parce que la trop grande majorité des écoles font preuve d’une étroitesse d’esprit et de vision. Il y a encore beaucoup à faire et rapidement … Une révolution de l’intérieur, menée par les plus visionnaires, pourrait accélérer le changement.

Les valeurs à développer pour construire un nouveau monde plus harmonieux

Au niveau individuel

Dans la transition et au-delà : l’espérance, le courage, la persévérance, la solidarité, la prise en main de sa propre vie, la flexibilité face au changement. Sortir de sa bulle et rester connecté(e) aux réalités du monde.

Les compétences liées à l’intelligence émotionnelle occuperont une place importante dans un monde de plus en plus technologique. Il existe un processus pédagogique qui vise à développer la relation à soi et aux autres : l’apprentissage socio-émotionnel (ASE). Il couvre cinq domaines : conscience de soi, motivation, empathie, compétences relationnelles et contrôle émotionnel, à savoir la capacité de s’atteler à un objectif sur le long terme. (Journal L’Echo).

Au niveau des organisations

  1. Mettre en priorité le développement des personnes
  2. Défendre ses valeurs et passer de la parole à l’action
  3. Un nouveau contrat manager-salarié (plus de confiance / plus de liberté responsable)
  4. Inclusion du processus démocratique dans les équipes (management horizontal)
  5. Agir en prenant en considération non seulement ses intérêts propres mais aussi les intérêts extérieurs (écologique et humain)
  6. Equilibre du masculin (action) et du féminin (écoute, intuition)
  7. Assurer la juste rétribution des richesses
  8. Gérer efficacement la diversité
  9. La technologie utilisée pour servir l’humain et non pas pour l’asservir …

En conclusion

Ces valeurs ne répondent-elles pas en fait à ce qui est le plus précieux dans l’être humain ? N’est-ce pas ces valeurs qui peuvent nous guider vers ce à quoi nous aspirons tous ? La paix, l’harmonie, la prospérité.

Le mot « spiritualité » est souvent confondu avec « religion ».

Le religieux s’appuie sur l’extérieur (un dogme, une personne). Le spirituel s’appuie sur l’intérieur. Voir à ce sujet cet article du journal le Monde sur le renouveau spirituel.

Et si le spirituel était cette clé qui nous permet d’avancer avec courage, à garder espoir et à nous dépasser ?

Et si la véritable solution à toutes ces crises était en fait en nous et non pas à l’extérieur de nous ?