Sortir du rôle de sauveur

Quelqu’un va mal et je cours à son aide. Quelqu’un se plaint continuellement et je me sens obligé de l’écouter. La planète va mal et je me sens coupable si je n’agis pas. Jusqu’au jour où je suis épuisé. Je me sens vidé de mon énergie.

Que s’est-il passé ?

Vouloir jouer le sauveur trouve généralement ses racines profondément dans notre inconscient. Par exemple, « j’étais l’aîné de famille et il était « normal » que je me sacrifie pour les autres ». Ou alors : « ma religion m’a enseigné que si je n’étais pas charitable pour les autres, je serais jugé en conséquence ». Ou encore : « moi j’ai tout dans la vie et les autres beaucoup moins que moi alors il est normal que … ».

Le sauveur obéit souvent à deux mécanismes inconscients : soit il a besoin d’être reconnu, soit il a besoin de se déculpabiliser. Il intervient alors qu’il n’y a aucune demande claire de l’extérieur.

J’ai moi-même joué beaucoup le rôle de sauveur. Jusqu’au jour où j’ai découvert par un travail intérieur qu’il n’y avait personne à sauver. Qu’il était important que je m’occupe d’abord convenablement de mes affaires avant de m’occuper de celles des autres. Il ne s’agit pas d’égoïsme mais d’un ordre dans les priorités.

Dans les avions, la consigne de sécurité pour le parent en cas de problème est de d’abord mettre le masque d’oxygène sur lui avant de le mettre sur l’enfant. Tout simplement parce que si le parent n’est plus en état, il ne pourra plus s’occuper de l’enfant.

Il existe une règle qui peut aider le sauveur : n’agir que si la personne le demande clairement. C’est une manière de responsabiliser l’autre. L’autre est adulte et il lui appartient de demander de l’aide si il en a besoin. Si j’agis sans demande, je l’infantilise. Le jeu « Parent-enfant » se met alors en place.

Deux exceptions au moins au principe : soit il s’agit d’un enfant soit il s’agit d’une personne en danger. Dans les deux cas, les personnes ne sont pas en état de demander de l’aide. Quant à la planète, pourquoi ne pas d’abord se décontaminer soi-même des pollutions alimentaires, visuelles et auditives ?

Le problème des addictions est très délicat surtout s’il touche une personne que nous aimons. Pour l’alcoolisme, il existe les groupes Al-Anon à travers le monde qui vise à soutenir les proches d’un alcoolique. Pour les drogues dures, un film très intéressant à ce sujet : « My beautiful boy » : un père essaye de sauver son fils de la drogue jusqu’au jour où il comprend qu’il ne peut rien faire …

La théorie la plus intéressante concernant le sauveur s’appelle « le triangle de Karpman » ou « le triangle dramatique ». Il s’agit d’une triade « persécuteur » – « victime » – « sauveur » qui se met en place.

Source : https://www.penserchanger.com/le-triangle-de-karpman-un-drame-a-trois

Ce schéma est souvent enseigné dans la « gestion des conflits ». Lorsqu’il se met en place, il peut devenir assez destructeur, surtout dans les organisations. C’est pourquoi il est important de bien comprendre son fonctionnement pour éviter d’y rentrer.

Une petite vidéo ICI.

Pour les managers, un site intéressant ICI.

Auteur/autrice : Xavier Denoël

Formateur, Coach, Psychothérapeute, Médiateur